Nous évaluons à grandes mailles le bilan économique pour un SI géré en centre de coût de l’accumulation de la dette applicative. Elle freine fortement le déploiement des projets de digitalisation.
Une tentative d’évaluation chiffrée des enjeux de la dette applicative
Lors de projets d’implantation de progiciels cœur métier dans l’assurance, j’ai souvent remarqué l’absence de connaissances et, partant, de soucis du système existant et de son histoire au sein des métiers.
Le système existant, aussi imparfait soit-il, a été poli, fiabilisé, adapté, par des années de maintenance. La connaissance contenue, parfois humainement perdue, est souvent énorme. On croit pourtant transformer cela en quelques mois, c’est rarement le cas.
La dette applicative accumulée par le système est le résultat du sous-investissement sur l’IT. La cause de ce sous-investissement est le raisonnement comptable, le court-termisme et l’incompréhension par les décideurs hors IT de ce qu’est un système d’informatique industrielle..
Cette dette est un surcoût qui devrait être réduit car impactant la compétitivité de l’entreprise. Elle est surtout symptomatique de la perte de réactivité et de la dégradation du « time to market » envisageable pour les projets digitaux.
Le sous-investissement IT est comme les impôts : on paye à l’entrée ou à la sortie et, généralement, il vaut mieux payer à l’entrée. Il correspond à une augmentation artificielle des résultats pendant des années.
Pour les personnes allergiques aux chiffres, je vous propose de sauter la partie suivante. Prenons un exemple chiffré de raisonnement « économique » grossier pour fixer les idées. L’investissement spécifique IT couvre les projets internes de l’IT tels que l’urbanisation des systèmes, la fiabilisation des données, la rationalisation du parc applicatif et des infrastructures, la documentation, l’industrialisation des processus de production et de test, la construction des centres de compétences par technologie, etc.
Calcul de l’impact économique du désinvestissement
sur les projets spécifiques IT
Supposons que j’arbitre ces investissements pendant 20 ans, au-dessous du nécessaire pour éviter la création de dette applicative. Cela représente par exemple de l’ordre de 10% du budget total IT pendant vingt ans, j’ai gagné ces 10% x 20 = 2 ans de budget IT mais en accumulant la dette. La dette applicative est de l’ordre de deux tiers a minima du budget IT aujourd’hui. Il ne devrait donc représenter que le 1/3 de ce qu’il est.
Si je fais l’hypothèse raisonnable de gains de productivité linéaire, sur les 20 ans, je passe donc de 100% à 33% en vingt ans. Soit, un budget moyen IT de (100%+33%)/2 = 66.5% donc réduit de 33% environ pendant vingt ans, soit un gain brut de 6.6 années de budget actuel.
Il faut défalquer du gain obtenu l’investissement représentant 2 années budgétaires, donc une économie finale de 4.6 années budgétaires sur vingt ans soit 23% en moyenne du budget annuel IT tous les ans pendant vingt ans.
Simulation de l’impact
du désinvestissement IT
Scénario actuel : j’ai gagné 10% d’un coût IT que nous évaluerons à 3% des primes, soit 0.3% des primes, mais mon coût informatique est toujours actuellement de 3%.
Scénario hypothétique : j’ai gagné en moyenne sur vingt ans 23% de 3% soit 0.7% des primes, mais mon coût IT actuel de fonctionnement est de 1%.
Simulation de l’impact
de manque de réactivité IT
Je veux lancer un projet métier susceptible d’améliorer ma marge en volume de 2%. Un an de retard dû à la faible réactivité -soyons optimistes- représente une perte de 2% de marge sur primes.
L’écart entre le scénario actuel et le scénario hypothétique sur cette année est donc de 2%+2% – (0.3%) = 3.7% de marge sur primes.
Dans ces scénarios, l’impact en marge d’une bonne gestion de l’IT est de 2% des primes à comparer aux 0.3% gagné par le sous-investissement.
Traduction en euros
Si votre chiffre d’affaire est de 1Mrds d’euros, nous parlons de 37 M€ de marge sur cette année et de 17M€ les autres années.
Évaluation d’un projet de rattrapage sous ces hypothèses
Si je voulais rattraper le temps perdu qui, nous le savons, ne se rattrape pas, il s’agit bien a minima d’investir dès maintenant deux années budgétaires informatiques sur les projets de mises à niveau techniques soit 6% des primes.
Si je fais l’hypothèse que la charge interne sur ces projets représente 10% de la charge informatique globale, correspondant aux 10% du budget, rapporté sur vingt ans, il s’agit bien de deux ans de projet..
Ce petit calcul, grossier et certainement discutable, permet néanmoins de fixer les enjeux. Il n’est pas très loin de ce que je constate en ordre de grandeurs.
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Pour les personnes allergiques aux chiffres, je vous propose de sauter la partie suivante. Prenons un exemple chiffré de raisonnement « économique » grossier pour fixer les idées. L’investissement spécifique IT couvre les projets internes de l’IT tels que l’urbanisation des systèmes, la fiabilisation des données, la rationalisation du parc applicatif et des infrastructures, la documentation, l’industrialisation des processus de production et de test, la construction des centres de compétences par technologie, etc.
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la rationalisation du parc applicatif et des infrastructures, la documentation, l’industrialisation des processus de production et de test, la construction des centres de compétences par technologie, etc.
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La construction des centres de compétences par technologie, etc.