Antonio Gramsci« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. »
La révolution
de la pensée
qui change
l’homme
Avec le micro-processeur, base de toutes les nouvelles technologies de l’information et de la communication, le monde connait la troisième révolution de la pensée.
Elle vient après l’écriture, qui a ouvert le champ à la pensée conceptuelle, et après la presse d’imprimerie, qui a permis la constitution d’une mémoire commune, mobile et massive de la connaissance.
La première qui marque le début de l’Histoire, aboutit à la pensée grecque, aux mathématiques, à la politique, la philosophie, l’architecture, aux grandes religions, etc.La seconde aboutit à la renaissance, puis aux Lumières et à la révolution industrielle.
Que va produire cette nouvelle révolution de la pensée ?
Les trois moteurs du changement
GAFA, Uber, big data, internet des objets, intelligence artificielle, génération y, économie collaborative, terrorisme djihadiste mondial…, l’ensemble des phénomènes complexes que nous voyons se déployer est mu par trois moteurs qui s’intriquent, se répondent et s’amplifient :
1. D’un monde de stock à un monde de flux
Le passage d’un monde de stock à un monde de flux induit par les technologies qui rend obsolètes en grande partie les anciennes compétences et en réclame de nouvelles.
Le premier moteur est le passage :
- d’un monde du stock où la valeur est essentiellement créée par la rente issue de la détention d’un actif matériel (propriété physique) ou immatériel (propriété intellectuelle, éducation, connaissance)
- à un monde du flux où la valeur doit être créée sur les transactions et la maitrise des flux au travers des technologies, en temps réels.
Cette révolution transforme en profondeur le monde marchand mais également la société dans son ensemble et les individus en détruisant les situations de rente et la valeur de la propriété. Elle génère un niveau de risque pour les entreprises et les personnes inconnu jusqu’alors en temps de paix..
2. L’explosion de l’intelligence mondiale
L’explosion mondiale de l’intelligence par la croissance rapide de l’écosystème éduqué, connecté et collaboratif avec des effets d’échelles inconnus à ce jour.
Pour mesurer l’ampleur du second moteur, rappelons-nous que l’Europe des Lumières, c’est 140 millions d’habitants, 7 millions de lettrés et de l’ordre de 200 génies. Le monde d’aujourd’hui, c’est 7 milliards d’habitants dont 2 milliards de lettrés connectés et proportionnellement 60 000 génies !.
Ceux-ci investissent aujourd’hui la sphère scientifique, technologique, économique, politique et les activités criminelles et non plus seulement la recherche et l’influence idéologique. Ils ont fondé les GAFA, innovent dans les startups, dessinent le futur des technologies et industrialisent les réseaux criminels à un rythme inconnu et accélérant exponentiellement.
3. La catalyse numérique
La transformation profonde de la société en cours depuis l’après-guerre catalysé par le numérique.
Cette catalyse permet l’avènement, avec la hausse des niveaux de vie et de la mondialisation, de la société du Risque dessinée par Ulrich Beck dès 1986. Dans cette société, les enjeux sont moins la répartition des richesses que la répartition des risques..
Les destins s’individualisent sous la pression de l’organisation de la production marchande mondialisée et de l’apparition de risques mondialisés. Les conséquences se retrouvent dans tous les domaines de la vie (relation au travail, famille, santé, vie publique).
Les vies linéaires de nos parents disparaissent progressivement au profit de vies fragmentées par les ruptures choisies ou subies ; elles ne sont plus prévisibles et se placent sous le signe du risque. Les combinaisons et les choix de vies se diversifient et se multiplient.
Le « j’ai faim » et remplacé par le « j’ai peur ». La société de classes, de groupes et ses solidarités disparaissent au profit de strates nombreuses de communautés de destins effectives mais sans conscience propre. Elles se resocialisent grâce aux réseaux sociaux, à l’économie collaborative et aspirent à la réalisation personnelle. La génération Y est archétypique de cette transformation.